40 minutes en bus séparent Villa de Leyva et Raquira deux pueblos magicos à ne pas éviter. Si tu t’installes à la première, tu iras en virée à la seconde, c’est syndical.
Je m’installe une semaine à Villa de Leyva, plus logique sur mon itinéraire et je vais m’en féliciter.
Nous sommes sur la cordillère orientale. Le climat est assez semblable à celui de l’Antioquia ou du Caldas; un 18-24 degrés le jour associé à des nuits plus fraîches…
Serait-ce moins humide en général? Je ne puis vraiment l’affirmer, mais dans le contexte du ciel détrempé qui est le mien depuis début janvier, la région m’offre un répit de huit jours… Je prends! (Je ne me plains pas vraiment, il a fait -30 à Montréal ce 4 Fév)
Fondées au XVIe les conquistadors ont marqué ces deux villes d’une solide empreinte coloniale, aujourd’hui base du tourisme culturo-récréationel
- Villa de Leyva est classée Patrimoine Culturel Mondial par l’UNESCO,
- Raquira la bigarée assume sans boncher le statut de Capitale Artisanale du pays.
Villa de Leyva
Alegria hostal
Arrivé sans réservation, je ne mets pas longtemps à dénicher une auberge de jeunesse qui se révèle tout bonnement inouïe.
Les espaces communs sont immenses, les recoins tranquilles, nombreux :
-
- lecture,
- musique,
- travail à distance,
- 2 cuisines,
- 2 salles à manger,
- 1 immense cour fleurie,
- 1 terrasse ensoleillée,
- des SdB et toilettes partout.
L’auberge est décorée, colorée, propre; le gérant est cool, souriant, bouffi d’informations locales.
Sous fréquentée basse saison oblige, je me retrouve seul dans un dortoir de 6 lits et deux salles de bains pour la cocasse somme de 22000 pesos (6$, 4€ kek-chose), bonne pioche!
Durant la semaine, je m’affranchis des cantines locales en me bricolant toutes sortes de salades composées, salades de fruits et autres histoires à dormir debout (que vous êtes en train de lire).
Tourner en ville
Bâtiments bas, murs chaulés immaculés, huis et balcons en bois brut et fer forgé, tuiles rondes, aucune enseignes ne débordent sur la voie. Cela m’évoque Valle de Bravo par la volonté affichée de préserver l’authenticité architecturale du village, en revanche ici tout apparait plus clinquant qu’au pueblo mexicano.
Frappante, l’excessive propreté du centre historique en serait presque suspecte. Les rues de dalles/cailloux/pavés ronds semblent briquées du matin même. L’absence de circulation, d’autos garées, dégage la perspective et offre des photos exemptes des irritants d’usage.
La bambée en ville tourne au délectable, le caractère colonial fait le forcing, il ravit, il charme, il transporte.
L’image semble facile, le tri de mon mitraillage sera complexe et déchirant.
Très ne serait-il pas trop?
La préservation de l’architecture historique a entraîné des rénovations de « très/trop » grande qualité, certaines parties du centre des allures de copie, de reproduction de l’ancien.
Je me demande par exemple, si le centre commercial « casa quintero » est le résultat de l’aménagement d’un vrai quartier du passé ou un concept marketing pondu pour alpaguer les amateurs de venelles.
Question posée, j’apprends que ce petit « souk » chic résulte de l’osmose de deux vastes propriétés privées réaménagées… Le plan est très réussi, on succombe.
La plaza mayor
Avec 14 000 m 2 (1,4 hectares). La place principale est l’une des plus vastes d’Amérique latine. Emblématique de la cité, c’est la photo qu’il faut tenter.
La gajure consiste à faire renter et mettre en valeur dans un même cliché:
- ce tapis de cailloux ronds,
- l’église Nuestra Señora del Rosario
- les deux monastères de parts et d’autres
- le relief qui veille en arrière plan.
Maintes fois réaménagé, ce grand vide est mis à contribution lors de fêtes monumentales que la ville sait les organiser.
Aujourd’hui ces batiments coloniaux ne sont plus que des cafés et des bars qui servent de solides expressos et la « Bruder » brassée sur place.
Quoi faire à Villa de Leyva?
La plus touristique des villes ne saurait prospérer que de ses rues remises à neuf. Il lui faut une offre alentour qui tienne le client captif, le retienne plusieurs jours, le fasse revenir.
C’est pourquoi toute bourse déliée, le choix est vaste:
Rien de gratos, même la promenade à la campagne
- Location de vélos, de petites motos, de 4×4, $$$;
- Tour en fausse chiva dans les chemins de montagne, $$$;
- Parc naturel d’Iguaque: cyclo cross et randos, entrée 60000p;
- Convento Ecce Homo: entrée 65000p;
- Musée “El Fossil”, très petit: entrée 10000p;
- El Infiernito, un site géologique à la gloire des Muiscas, (fermé en ce moment);
- Les pozos azules deux petits puits naturels autours desquels tourner coût: 25000p;
- La maison-terracota: Oeuvre d’Octavio Mendoza Morales c’est la seule maison en céramique habitable de la planète. Ses courbes « Gaudiennes » et la performance de sa mise en oeuvre me font regretter de ne pas avoir pris la peine d’investir les 50000 pesos de sa visite, une prochaine fois sans doute.
Le parc « aventure »
Cerise gatée sur le gâteau: le Parc Aventure est un « Disneyland » qui s’affirme écolo sous prétexte qu’ils ont tendu des dizaines de cables à travers leur bout de forêt sans arracher d’arbre, voici les zaventures :
- Pont de singe,
- Arbre en arbre,
- tyrolienne du type Superman,
- tyrolienne super rapide,
- piste de minivélo,
- une tour haute pour observer la canopée,
- vélo funambule (le bouquet!)
Sans commentaire…
Je laisse ces options consuméristes de côté et me contente d’humer la ville méthodiquement, bloc par bloc, une échope à la fois.
À l’auberge « Alégria » je consacre le temps nécessaire à mes babillages. J’avais beoin de reprendre mon souffle après deux semaines de hiking intensif dans le canyon de Combeima et le désert de la Tatacoa.
Excursion à Raquira
Raquira cultive assiduement sa spécificité de village bigaré. Ses rues, ses facades débordent de peinturage, ça pourrait être génial mais ça tombe souvent dans l’abus. Je ressens un manque d’unité dans cette truculence au niveau du village, perçois des harmonies douteuses, un amalgame qui confine à l’orgiaque d’une part, tout en exprimant un « chacun pour soi » d’autre part.
Ça ne ressemble à aucune autre ville que j’ai pu traverser dans le pays mais une journée c’est bien court pour rapporter un ressenti profond, je vous laisse donc écarquiller les yeux…
Chronologie du voyage:
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