Puerto Angel (+Zipolite et Mazunte)

Sur la côte Pacifique, à 15 degrés de latitude environ, se nichent 3 villages et demi dont les plages ont des usages et des fréquentations bien distinctes.

1. Puerto Angel port de pêche artisanale maintenu dans son jus;
2. Zipolite renommée car unique plage naturiste du pays;
3. Mazunte (épaulé par Playa San Agustinillo);
   capitale mexicaine du baba yoga, centre du massage zen et point de rencontre des granos planants. L’un des «mange-prie-aime» très en vogue dans cette partie du monde.

Le ton est donné.
Selon ton style, tu poses ton sac sur le littoral qui te convient.
Je vous laisse deviner où j’ai posé le mien!

Puerto Angel

Puerto Angel c’est la fête aux poissons, le bal des crevettes, la nouba des fruits de mer en mode artisanal.
Au retour des barques sur la plage du centre vers 8h15  le matin, il y a:

• d’un côté les gars qui trient la pêche, nettoient les filets, les réparent, emplissent brouettes et caisses de mahi-mahis, thons, espadons, requins, sardines et « doradas » (en fait, des vivaneaux rouges) qu’ils vendront en lots.
• de l’autre, les « lève-tôt » qui font leurs emplettes océanes.

Darnes et filets sont débités sur place par quelques commis quand ce n’est pas la femme du pêcheur qui prend les choses en mains.
Têtes, écailles et entrailles sanguinolantes exsudent sur le sable, pas trop sexy… Le tout sera emporté par la marée suivante et nourrira le poisson du rivage.

Il arrive que les fruits de la pêche soient apprêtés en ceviche sur place pour le même prix, lesquels restent plus que raisonnables même lorsque le client est un gringo. (Faire attention quand même).

Deux petites plages

Des 3 villages cités un peu plus haut, Puerto Angel présente l’avantage de se nicher au fond d’une anse fortement escarpée. La « station » évite ainsi l’impétueuse houle qui caractérise le Pacifique Est d’une part et le bétonnage intensif de sa côte d’autre part.
Ici, les barques abordent la plage sans heurts tandis que l’estivant se baigne sans être bousculé par les rouleaux mugissants de la marée ou être surpris par les creux de sable capables de l’engloutir perfidement.

La plage du port est 100% dédiée à l’activité de pêche alors que les 100m X 25m (seulement) de la plage Panteòn le sont à la baignade, au dorage de pilule et à la bière salvatrice des bars de la crique.
Cette aire de sable est bien trop étriquée pour prétendre attirer un tourisme de masse. Une infortune selon l’œil de la municipalité, une aubaine sous d’autres regards.

Épargnée du tourisme ravageur

À Puerto Angel, le visiteur loge dans des maisons d’hôtes, des hostelitos, chez l’habitant qui a posé une affiche sur un poteau: « se renta cuarto…« . Une telle annonce laisse présager un confort proportionnellement sobre à la modestie de la pancarte mais aussi du loyer.

Bien que, cloués dans la pente, quelques hôtels aguichent les estivants avec leurs « vues sur mer ». Pourtant, on ne remarque pas plus la présence de touristes étrangers que de bus pullman comme à Mazunte ou Zipolite.
Ce village est surtout fréquenté par la population du Oaxaca et des autres États voisins. (Pour rappel, le Mexique est constitué de 31 états.)

Loger chez Mariola à Puerto Angel

Chez Mariola, outre une grande-chambre-lit-double, salle-d’eau-perso-basique-mais-suffisante, je dispose d’une grande cuisine qui donne sur un balcon de 20m².
Depuis les hamacs, la vue offre un relief des plus verts. La végétation va de l’avocat à l’émeraude en passant par le sinople, le porracé et quelqu’autres olivâtres.

Une nuée de piailleurs jaunes occupe l’arbre riverain appelé  juage, par les latinos et leucaena_leucocephala par les latinistes, un arbre dont les feuilles ressemblent à des fougères et les fruits à des haricots mangetout.
Éminemment sympathique à 7h30, vaguement casse-c… arrivé 20h les canaris… Tiens juste 15 secondes.

Devrais-je être plus exigeant?
Pas sûr, en lui louant ce logis en direct, hors des plateformes Web spécialisées, la facture est 4 fois inférieure au premier bouiboui disponible à « Zipo » ou Mazunte (Je vous passe son whatsapp si tout cela vous inspire).

Mazunte en 20 mots clés

Végétarien/talien, vegans, ayurvedic, bol de graines, smoothies, méditation, yogi, yogas, yogourt sans lactose, massages, atelier de respiration, réflexologie, réflexion psychédélique, bain de glace, conscience vivante, Bhajan, chants de dévotion, cartomancie, tarots, lecture dans les lignes de la main et le marc de café. J’en omets, c’est sûr, mais vous percevez le concept, non?

Les écoles de yoga pullulent et se réclament de références dont le spectre va de Ganesh à Frida Kahlo en passant par Mathieu Ricard et Bob Marley… Ça balaye large.

Mazunte c’est la plage de la coolitude, de la vie saine, de la relaxation qui plane, du bio tout azimuth hors de prix, des fringues gitanes, du retour des dreadlocks le tapis de gym roulé sous l’aisselle… le tout, sans fumer!
San Agustinillo, le village-extention par la plage, est moins touché par ce phénomène.

Le centre de préservation des tortues:

Il existe à Mazunte un zoo spécialisé… Je n’ai aucune envie de promouvoir ce bagne pour tesludines dont le seul délit est d’être en voie de disparition.
Triste comme un jour de diarrhée, cages et bassins s’enchainent au long d’un sinueux parcours à 44 pesos.
Arrivé là par la plage et par hasard (à l’oeil), je me suis enfui de ce mouroir qui prétend sauver les espèces en les exposant dans des enclos macabres… Minables. Grrrr.
Dommage l’entrée est belle.

Zipolite

Incontestablement un joli rivage. Un kilomètre et demi sur vingt à trente mètres de profondeur selon la marée, elle affiche « en alternance » les drapeaux rouges et les noirs des baignades.
Les rouleaux mousseux s’y succèdent, enfirouapant¹ les baigneurs les plus vigilents c’est pourquoi des maîtres-nageurs-sauveteurs veillent, limitant les initiatives des intrépides.

Sur le sable ou en goguette, bikini, monokini, microkini et paskini-du-tout co-profitent en bonne intelligence de cet espace de liberté unique dans ce pays.

Historique rapido:

Dans les années 70 quelques hippies garent leurs combis Wolkswagen dans ce lieu-dit de quelques baraques. À l’abri des regards, ils s’installent impunément au bout de la plage, laquelle présente une petite crique blottie derrière de hauts rochers.

Pénards, le pétard au soleil et le tarpé bien chargé, ils fabriquent des bracelets en rafia et des bijoux de coquillages tournés à la pince plate.
Le bouche-à-oreille fait sa job², engendre un afflux de flower power et d’autres curieux prédisposés au délit de farniente version bronzage intégral.
Les locaux laissent faire, considérant que cette population ne gêne personne apportant même quelques $$ à la localité.
Les années passent entérinant les choses.

En 2016, le ministère du Tourisme officialise le caractère « mixte » de la plage, (mixte = « lieu où la nudité est permise », signifiant qu’elle n’est pas obligatoire). Le quad de la municipalité fait ses rondes, veillant au maintien des bonnes mœurs.
Tranquillement, la population change sur ses reliefs, le village s’étale, se gentrifie, les prix explosent.
2024, il y a longtemps que les vrais beatniks sont partis.

Quoi faire dans la journée si cramer sur la plage n’est pas ta vraie passion?

Distants de 5km à 7km les uns des autres, on passe d’un village à l’autre:

• En taxis (jusqu’à 200 pesos);
• En colectivo (15 pesos);
• En camione (10 pesos) ou;
• À pied: Puerto Angel Zipolite à pied, c’est 25 à 40 minutes de marche selon le chemin emprunté et la taille de ton pas.

On peut aussi s’inventer des promenades-randos en se guidant grâce aux applications spécialisées.
Attention! Évitez d’emprunter la route fédérale 175, les voitures roulent vite, il y a beaucoup de virages très serrés et pas ou peu d’accotement pour se protéger.  Il esttrès facile de se faire happer.

Depuis Puerto Angel:

• Marcher jusqu’à Zipolite par le chemin de la tour de communication puis le Mirador-Phare vers le Nord (3,5km seulement)
• Randonner jusqu’à la plage de la Boquilla via les quartiers hauts du village, 7.5km

Depuis Zipolite:

• Remonter le rio sec dans les terres jusqu’à El Carnero, un hameau fondé par une famille il y a 50 ans et qui compte aujourd’hui un total de 80 habitants, presque toute sa descendance. Plus fin fond du Mexique tu meurs.
• Revenir à Puerto Angel par la playa del amor

Noter: depuis Zipolite, il n’y a pas de chemin pour aller à pied à Mazunte, il faut prendre la route et c’est assez pas drôle.

Depuis Mazunte:

• Suivre le chemin jusqu’à Punta Cometa, c’est la péninsule à l’extrémité du village, c’est surtout le coucher de soleil le plus couru du secteur.
• Aller à San Agustinilo; facile, les plages sont voisines.
• Observer la « faune grano » depuis la terrasse d’un café; … Faut être passionné d’ethnologie et d’espresso.

D’une façon générale, la rando dans le secteur exige une bonne résistance au soleil, à la soif et à la chemise trempée de sueur en moins de 10 mn.

Conclusion:

Ce petit bout de Pacifique attire de plus en plus de touristes locaux, de bandes de copains qui jouent du caisson de basse en fin de semaine. Ça peut être fatigant pour celui qui aime la tranquillité. C’est pourquoi Puerto Angel est de loin le meilleur choix pour qui recherche la vraie vie mexicaine, la tranquillité tout en gardant un bord de mer à quelques pas de randonnées, lesquelles manquent souvent d’ombre mais jamais d’intérêts.

Notes:
*¹ Enfirouaper, j’adore ce mot! ici employé au sens figuré.

*² Oui, amis lecteurs français, au Québec, « job » est féminin.