Il y a des boutiques dans lesquelles on n’entre pas avec son éléphant, tous les Limougeauds vous le diront, les miroiteries sont de celles-là.
Ce matin je suis allé ramasser mon magasinage rue Saint-Laurent au niveau du Plateau, chez ‘O Miroir, l’annexe officielle de la caverne d’Ali Baba.
Ordonnée la boutique? Cela ne fait aucun doute, pourtant la foultitude des cadres, la variété et dimensions de miroirs, des moulures proposées renvoient une image de joyeux pêlemêle devant lequel le chineur risque la fascination.
Trois cent mille pieds carrés d’exposition sans compter l’atelier à l’arrière (environ 4 terrains de football), …peut-être moins, il est vrai que les miroirs ça agrandit, ça trompe énormément.
- Et pour monsieur, ce sera ?
La tête ailleurs, j’ai un instant d’hésitation, comme si quelque chose m’incitait à réfléchir.
- Je viens chercher ma commande, une glace de salle de bain sur mesure, vanille-fraise-pistache… [suis-je donc taquin !]
- L’employé auquel on ne la fait plus, se presse d’emprunter le labyrinthe de fausses allées et revient prestement l’objet de mes désirs à bout de bras.
Il me le présente, je m’y mire et me marre.
Soudain divine surprise, un rai de lumière traverse la vitrine, se cogne sur un cadre, rebondit, traverse en courant, se recogne, jaillit sur un éclaté de mica et explose en bouquet final pyrotechnique sur la multitude de ces écrans de verre habituellement inertes.
Coruscant.
Festival de brillance, luxe de lux, aussi bref que fugace, la magie s’interrompt, le pétillement se tait, les reflets s’assagissent brusquement.
L’employé m’aide à charger l’encombrant objet, je repars rêveur mais le tain* blême dans la grisaille de l’automne montréalais. Vroum
*Allons !!!! la faute est un jeu de mot de plus