Une formalité de visa au consulat du Laos et le besoin de gérer un jetlag parmi les plus trapus (12 h) m’imposent cette halte à Ho Chi Minh ville / Saïgon, giga-cité de 9 millions de scooters.
Mes lectures braconnées ici et là pour préparer mon rendez-vous avec la ville, m’incitent à tester les spots considérés « incontournables » par mes collègues blogueurs… Allons-y en mode randonneur urbain.
Compter avec les deux-roues
Impressionnant le flux de motocyclettes en ville! À deux, trois et même quatre places, si les passagers sont des petits enfants, les scooters semblent n’avoir aucune limite de fonction ni de
Rues à double sens, coordination foireuse des feux, permission de tourner à droite au rouge, motos en contresens, incivilités. Le droit de traverser la chaussée au vert du signal piéton doit être considéré avec circonspection.
Techniquement, il est préférable d’avancer en surveillant les deux sens de circulation, bras tendu sur le coté, main ouverte. Garder un rythme régulier et surtout ne jamais faire marche arrière!
Les véhicules qui ne s’arrêtent pas calculent votre position, ils vont vous éviter, il suffit d’en être certain. On a parfois le sentiment de jouer les toréadors (Olééé) mais finalement je n’ai pas un vu un seul accrochage.
Alors ces incontournables ?
Oui ça vient.
La pagode impériale de Jade
C’est la communauté cantonaise de Saïgon qui est à l’origine de ce temple taoïste dédié à Ngoc Hoang l’empereur de jade. Le temple abrite un assortiment de statues et de décorations sculptées qui apparaissent hétéroclites, stupéfiantes au point de frôler le déraisonnable.
Le temple attire des fidèles qui brûlent offrandes, bougies et bâtons d’encens en divers points du temple. Les daoshis se livrent à des rituels versant force flasques d’huile sur des statuettes exprimant leur dévotion au Maître des lieux.
L’ensemble offre une suite d’alcôves à explorer, ornées de frises et de scènes sculptées, chacune est « concept ».
Personnages, animaux mystiques, dragons, serpents, représentations de femmes et de bébés, ça foisonne, c’est chargé, kitch, hypercoloré, limite abracadabrantesque…
Donc sérieusement incontournable.
Typiquement le genre de cénotaphe où les éclaircissements d’un féru du coin sont précieux, lachez quelques Viet dong à un érudit autorisé du temple vous en sortirez moins sot.
Il est interdit de prendre des photos de l’intérieur du temple, c’est pourquoi je vous copie-colle celle d’un voleur qui a su déjouer la surveillance des gardes.
(Cet article fait un excellent tour culturel de la question mais il est en anglais.)
Anecdote, dans l’avant-cour, un bassin regorge de poissons-chats obèses.
La cathédrale Notre-Dame
Non contente de se la péter en empruntant le patronyme de l’autre, la vraie, la Notre-Dame Saïgonnaise est elle-aussi victime d’une crise d’échafaudagîtes aigüe.
Circulez, y à rien à voir ni dehors ni dedans… Jusqu’en 2026 au moins.
Coup de chance, elle a pour voisine –>
Le bureau de Poste central
L’un des quelques bâtiments de l’ex-France coloniale en excellent état. Maintenu bureau de poste mais judicieusement adjoint de boutiques de souvenirs, elle grouille de touristes choisissant, rédigeant sur place et expédiant illico de vraies cartes postales avec de vrais timbres. Inoui!
À l’heure du courriel et de la vidéo-conférence et au-delà du bâtiment, cette effervescence est une sympathique curiosité sans plus.
L’architecture coloniale en général
Il reste une quinzaine de bâtiments remarquables que les nostalgiques de l’Indochine française ne manqueront pas de fureter à travers la ville. Je vous recommande la lecture de cet excellent article qui les passe en revue.
Parmi la liste, je suis tombé sans vraiment les chercher sur l’opéra, la mairie (petite copie de celle de Paris) et…
L’Eglise Tan Dinh
Dite « l’église rose ».
Terriblement rose, spectaculairement rose et fermée hors des heures de l’office. Elle peut quand même retenir votre attention, d’autant qu’en face, vous allez poser votre séant au premier étage du Công Cà Phê.
Déco d’époque, esthétique du bois brut, atmosphère studieuse, le temps suspend le cours de cette journée riche en décibels
Les marchés
J’adore les marchés, me dessiner un itinéraire sur cette thématique n’était pas une pire idée. Hélas, j’avais oublié que la culture du marchandage est encore vive dans cette partie du monde, surtout lorsque le challenger est un occidental supposé blindé d’ € ou de $.
Ce facteur irritant réduit mes suggestions de visites et arrête ma préférence au
Marché Binh Tay,
Un gigantesquissime quadrilatère couvert sur deux niveaux, excepté en son centre, un grand patio où sied un autel bouddhiste. C’est de très loin le plus intéressant marché de la ville car, relativement excentré, la « clientèle en dollars » y est moins copieuse, le barguignage m’a paru moins âpre.
On y trouve de tout, vraiment tout et plus encore. Les commerces sont regroupés par spécialités, les étals sont ordonnés, la fréquentation ne trompe personne, c’est bien un marché dédiés aux vietnamiens.
On peut passer des heures dans les allées du marché Binh Tay à la recherche de rien.
On peut aussi y déjeuner, j’y ai rencontré une adorable « vieille dame » parlant français dont les avis et informations sur le pays me sont aujourd’hui précieux.
Elle m’apprend que nous nous trouvons dans le quartier chinois « Cho long » et m’enjoint de passer par
La pagode Ba Thien Hau.
Lorsqu’un tuyau de cet acabit t’arrive d’une aussi gentille madame, tu fonces.
Ce temple dont la façade est coincée entre deux maisons laides, s’avère un vrai bijou une fois le portail franchi. La pagode abrite la Sainte Mère Thien Hau, personnage sacrée qui protège les pauvres.Agée de 3 siècles c’est le point d’ancrage de la communauté chinoise expatriée. Ici pas de guide, juste des fidèles. Je me laisse séduire par le toit aux coins relevés, ses tuiles vertes et rondes.
La prédominance des rouges et or à l’intérieur éclaboussent le visiteur de ses agencements chamarés.
Les ornements sont riches, cohérents ils ont mérité le titre de monument national architectural et artistique du Vietnam.
Bizarrement que je n’ai pas trouvé cet incontournable dans la liste de mes lectures, tant mieux. Qu’espérer de mieux qu’une visite en solo d’un site aussi zen?
Revenons aux marchés: Le Ben Thanh
Le marché BenThanh est le plus réputé, car il propose autant de biens de consommation courante que de « bricoles souvenirs ». Par ailleurs, ses comptoirs de bouffe de rue ont bonne réputation.
Très fréquenté, car facile d’accès depuis la zone des hôtels clés de la ville, le touriste est attendu au tournant…
Plutôt amusant, sa façade est un spot instagramable où la gente féminine vient exposer ses plus beaux atours… Distrayant mais pas incontournable.
Enfin, le
Taka plaza (ou marché central),
très banal, il vise une clientèle locale en mal de vêtements. Bizarrement, le touriste subit ce que j’ai ressenti comme la pire « inflation de faciès » lorsque j’ai voulu acquérir une paire de fausses Crocs.
Décevant et sans intérêt.
La rue pseudo-piétonne « Bui Vien » en soirée.
Caricature de la notion de festivité, la rue Bui Vien coche toutes les cases du mauvais goût sous prétexte d’être la plus « festive » de la ville. Festive ? Allons donc!
Sur 400m, cette artère pas si piétonne que ça, alterne restaurants bruyants, bars hurleurs et salons de massage racoleurs.
Les façades jouent la surenchère d’écrans géantissimes, de néons criards, tandis que chaque établissement poste des rabateurs/euses qui, menu en main, s’imposent, vous coupent la route, vous attrapent par le bras dans un harcèlement plus qu’usant.
– Taka pas y aller
– C’est vrai, jaka pas.
Sauf que la petite rue (calme, elle) des hostels à routard est perpendiculaire à cette artère et en fait un passage obligé :
À fuir sauf si c’est à ça que ressemblent tes vacances, il en faut pour tout le monde.
Salons de massage
Notez au sujet des « spa, massages » qu’il y a une vraie culture du massage oriental au Vietnam, les salons sont légion dans toutes les villes.
Ces établissements sont clean, d’ailleurs on voit les clients à travers les vitrines, avachis dans de gros fauteuils, se faire pétrir, qui le visage, qui les pieds, qui encore le dos et la tête, alouette… et ce, sans ambiguïté aucune. On n’est pas en Thaïlande, les autorités ne rigolent que moyennement avec le tapinage.
Le musée de la guerre
Stupéfaction! Voilà un musée qui a pour but de démontrer la connerie qu’est la guerre! (C’est dans sa présentation officielle, je vous jure). Avait-on vraiment besoin d’un musée dédié pour s’en rendre compte?!
Je passe mon chemin espérant trouver ailleurs un musée de la paix.
Alors incontournable ?
J’arrête là mon énumération, bien qu’elle soit très incomplète, il y a notamment un musée des beaux-arts dont on dit le plus grand bien, j’irai en fin de séjour.
Vous lirez d’autres blogues plus complaisants pour vous faire une opinion.
Il est certain que, port d’entrée dans le pays, Saïgon est techniquement incontournable. Quant à dire qu’elle mérite un détour ou un vrai séjour… Je vous laisse juge.
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Voyage de l’hiver 2024 –> Manaus Amazonia
Vietnam pour les nuls
C’est à Ho Chi Minh ville que j’ai pris mes premiers repères de voyageur au Vietnam, voilà en vrac:
- Ne changez pas votre argent à l’aéroport ou alors juste quelques $ pour prendre le bus. Les meilleurs taux sont en ville chez les bijoutiers. Les agences de tourisme proposent aussi le change, il y en a partout autour de votre hôtel, comparez leurs taux. Il n’existe pas de change à la sauvette.
- On paye le bus au préposé en charge à l’intérieur, nul besoin de carte à puce. Un trajet urbain coute 7000 ou 8000 VD (40 sous), le prix est clairement indiqué.
- Pour sortir de l’aéroport, prenez les minibus urbains 152, 109, 119, 159 et 49, ils ne coûtent que 15000 VD (90 sous), ils font un excellent travail de taxi collectif.
Dans le 159 qui correspondait à ma destination, le préposé a pris soin de demander à chaque passager l’hôtel où ils se rend. Le bus a déposé chacun au plus près de son adresse, de plus il n’a fait aucun arrêt pour prendre d’autres passagers en route: Ultra rapide pour moins d’1$. - La bouffe de rue est fabuleuse, variée, peu dispendieuse. Les gens mangent dehors à toutes heures au point que cela donne l’impression que la moitié de la ville nourrit l’autre.
- Il y a des cafés partout et de tous standings, à ce sujet qui sait que le Viet Nam est le second plus gros producteur de café au monde?
Oui, derrière le Brésil et devant la Colombie. - Le plus difficile avec la monnaie c’est de se rentrer dans la tête qu’un billet de 100 000 VD ne vaud que 6$ canadiens, moins de 4 euros! Alors calculez la valeur du billet de 1000… Une misère.
En changeant 500$, je me retrouve multimillionnaire, une liasse impressionnante dans la musette. - Il y a du Wifi partout, dans le moindre bouiboui, café, resto à 2 balles, parfois dans la rue. Cela m’aide à garder mes datas pour plus tard à la campagne.
Je voyage pour la première fois avec une Esim (Saily). La carte virtuelle s’est activée dès la pose de l’avion sur le tarmac. Efficace et magique (ce n’est pas une pub, y’a plein d’autres providers.)