J’avais décidé de poser mon sac quelques jours à Guatapé pour:
ça,
ça,
et ça.
Trois bonnes raisons qui font de ce village un incontournable quand on passe par Medellin.
Guatapé: Y courir… sauf en fin de semaine
Choc en descendant du bus Medellin/Guatapé, ce dimanche vers 15h.
Je n’ai pas d’autres choix que de fendre une foule de Carlochons en goguette, toute bedaine dehors qui trainent leurs allégraisses au bord du lac sur-touristisé. (ceux qui pensent qu’il y a une faute à allégresse, n’ont rien compris).
Restaurants, fast food, cafés et glaciers sont bondés et débordés, marchant de babioles et négociants es toc rabattent le nonchalant à coup de musiques beuglantes qui se piétinent entre-elles.
Épuisant.
Guatapé c’est vraiment bien mais pas en fin de semaine.
Contretemps hôtelier
Je rejoins donc l’auberge réservée sur le Ouaib quelques jours plus tôt.
Deuxième claque du jour.
Après mon incroyable série de logements de luxe (à 10$/nuit) depuis mon départ, serais je devenu exigeant?
La chambre est minuscule, l’air est humide, la seule fenêtre est une meurtrière, c’est étroit, sombre et nauséabond. Je me sens au cachot.
Cauchemar.
Pas de cuisine à disposition, Wifi faiblard et pour couronner le tout, la fanfare municipale répète sous le balcon. Les couacs de cuivres et les boums de grosses caisses qui me sont habituellement sympathiques m’agressent gravement pour ne pas dire qu’ils me cassent les cojones.
Une courte mais ferme négociation s’engage avec le taulier, j’annule ma résa et je me bouge de là.
Je me mets en quête d’une autre hospitaje en mode porte à porte, à l’ancienne, sac sur le dos et Google map dans la poche.
20mn plus tard je pose mon sac dans l’auberge parfaite: chambre aérée, ultra propre, cuisine à disposition, Wifi 80 Meg, le tout localisé juste ce qu’il faut à l’écart de l’agitation touristique.
Ce dimanche soir- là, je ne sors pas, je tente de rédiger l’article sur Medellin qui me donne du fil à retordre. J’irai déambuler dans Guatapé lundi ou mardi quand les citadins seront de retour chez eux.
Les rues bigarrées et les zócalos de Guatape
En Colombie les zócalos sont des bas reliefs, sortes de larges « plinthes » colorées en relief. Ils ornent quasi 100 % des maisons de Guatape.
On prétend que le village est le plus coloré du monde. Va savoir Charles… Mais y a quand même des arguments.
En 100 ans, la tradition du zócalo à viré au « street-art« , s’orientant vers moult formes:
- la fresque,
- les murales,
- les pavés promotionnels .
Une évolution en 3 vagues:
- 1920, les premiers zócalos, initiative de José María Parra, un artiste local.
- 1965, période post inondation du bas du village et orientation du village vers le tourisme.
- 2000, relance impulsée par la mairie qui pousse les habitants aux confins de la pratique.
Cette fois cela inclut murales, façades, escaliers, tout est permis, tout est motivé par la réussite touristique du village et le pognon qui coule avec.
Si les plus anciens motifs, les 12 d’origine créés par JM Parra étaient plus ou moins formatés en style et en dimension, le zócalo a évolué en taille et en inspiration s’orientant vers des scènes de la vie courante, des symboliques religieuses, artistiques, culturelles, émotionnelles, post-apocalyptiques et publicitaires.
Girafes, joueurs de billard, Freddy Mercury, Renault 4L, pyramides, cosmos, panthère rose… Il n y a pas de limite, pas de règlement. Ça touche parfois au kitch mais on en redemande.
- Le boulanger illustre sa boutique;
- Le chauffeur de motoraton (ou motochivas) marque le stationnement de son rickshaw;
- Le chien-chien monte la garde 24h/24;
Ce que je vous raconte ici, je l’ai glané:
- D’affiches disposées dans les rues en 2015 par la mairie selon un parcours éducatif à suivre;
- De mes promenades ébahies;
- De blogues de voyageurs plus cultureux que moi;
- De quelques parlages avec le proprio de mon hostal;
Passionnant, Don Ramires m’a conté forces anecdotes sur les opérations sauvetage de zócalos et autres valeurs patrimoniales. Natif du village, il a vécu le déplacement de la population lors de l’engloutissement de sa partie basse en 1961. (faute au barrage)
Ce qui est bluffant dans cet amalgame de tons c’est que le manque d’unité, le « fais-ce-que-je-veux » ne tue pas vraiment l’harmonie globale.
Au numéro 10 de la rue c’est l’orange Casimir qui domine, au 12, le vert pomme pas mure est combiné à trois teintes de bleu et au 14 c’est du violet mère-grand mêlé à un fuchsia scandaleux qui s’impose… Mais cela ne choque l’œil, ça le ravit.
Je dirais même qu’on en redemande au fil des rues qui s’enchainent… et le village fournit la matière jusque dans ses faubourgs.
Entre les façades, les fenêtres, les balcons et les fresques, Guatapé est un brillant à mille facettes. Tenter de s’y perdre n’est jamais ennuyeux, c’est même extrêmement souriant.
Décor de théâtre pour enfant, caricature d’un folklore préfabriqué. Les rues éclaboussantes de couleurs attirent et drainent le visiteur index soudé au déclencheur de son photophone.
Ça vous branche ?
Allez lire cet article très documenté (il y a plein de photos de zócalos) et si cela ne vous suffit cliquez-là .
À consommer du lundi au vendredi midi
Pour aussi spectaculaire qu’est Guatapé ce sera probablement mon plus court arrêt dans ce voyage en Colombie, vendredi 17h la foule est déjà de retour, il me faut fuir.
Je vais prendre un bus pour le nord du Pays.
Si vous passez par ici un de ces quatre, musardez-y entre le mardi et le vendredi midi, le WE c’est insupportable et le lundi c’est le jour des poubelles, ça limite gravement la photo.
N’oubliez pas de prendre le bus pour grimper au Péñol
Chronologie du voyage:
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