Filandia 1923 m La fille des Andes.
Nationale 29 en direction de Bogota, trois heures et demie de virolos.
Depuis Pereira, le bus traverse deux massifs sans concessions, le chauffeur ayant besoin de négocier chaque courbe aux biceps, hors direction assistée.
Au lieu-dit « las cruses » il prend à droite pour rouler un quart d’heure de plus et déposer quelques passagers dont « Yo » à Filandia.
Il se sauvera ensuite plus loin vers d’autres lacets, d’autres pentes.
Filandia l’alternative paisible à Salento (la vraie star).
Lorsqu’on s’enquiert des villages qui valent la peine d’une visite prolongée en Colombie, Salento figure systématiquement dans le top 5 (avec Guatapé, Barichara, Jardin, Santander…)
Ma capacité à éviter le tourisme de masse n’étant plus à démontrer, je me suis dit qu’en stationnant une semaine à Filandia (la tranquille), je trouverai bien un moment pour excursionner vers Salento et ne pas totalement zapper cet incontournable du tourisme Colombien.
Bonne option.
Filandia est un patelin paisible dont on m’avait vanté l’originalité des fresques
Un paysage apaisé
Bien que plus haut perché que Salamina, « Filandia, la fille des Andes » pose son plan hippodamien sur un relief adouci dont la vue panoramique offre des collines toutes en rondeurs.
Je vais enfin abandonner, ici le vocabulaire de la montagne et donner un peu de congé à mes mollets pour anonchalir les rues polychromes du village.
La même chose mais en différent.
Le premier jour, ça hume le déjà vu mais avec un on-ne-sait-quoi de personnel, un plusss qu’on ressent sans pouvoir le définir immédiatement. Le village classé par l’UNESCO, (un de plus dans le pays) charme en finesse le voyageur le plus blasé.
Mururales
Bien sûr il y ces jolies murales qui décrivent un quotidien rural encore bien présent, l’agriculture locale, celle du café en particulier. Ces spectaculaires fresques hyper réalistes ponctuent sans abus chaque pâté de maisons et personnalisent qui un café, qui une pharmacie ou qui encore, la clinique des urgences.
Mais…
Là où Filandia se distingue fortement des villages que j’ai parcourus, c’est que sa multicouleur s’expriment jusqu’à l’avancée des toits.
Que l’on parle des chevrons du toit ou d’habillage de la saillie, ce débord est coordonné aux huis et aux façades.
Très fort !
Au fur et à mesure que mes pas découvrent le village, la machine à envouter prend des tours, dans la tête ça ronronne, ça s’illumine, ça s’écarquille des mirettes.
Décidément la Colombie quelle classe !
Les villages de mon voyage ont en commun cet art du bariolage de leurs artères, chacun d’entre eux ayant suffisamment de personnalité pour affirmer sa différence et se distinguer des autres.
Ici c’est une maison bleue adossée à la colline, là bordant le parc central, un café fuchsia vitaminé violet et pourpre où le mauve fait ce qu’il peut. Un art renouvelé, une diversité magique.
La rue 7
La « calle 7 » aussi nommée la « rue du temps suspendu »
Architecture d’origine : Des maisons basses couvertes de tuiles rondes sur des rues bigarrées du trottoir aux gouttières.
Elle est aujourd’hui dédiée aux galeries d’artisanat, à la promenade touristique et aux cafés-restaurants bien proprets.
Les bâtiments datent de la présence espagnole, entretenus, rénovés, choix de couleurs extrêmes, la rue est la plus spectaculaire de ville.
Derrière les portes étroites on découvre des cours ou des patios très profonds abritant galeries d’arts, restaurants se bonne de gamme ou micro-boutiques de « souvenir » de qualité. Je ne fais que passer ma route, mon sac est trop petit.
Au rythme nonchalant où je voyage, les rencontres, ça commence par un coup de bol. « C’est genre » « On arrive, on ne connaît personne et on tombe sur des gens sympas qui nous aiment déjà, même s’ils ne savent pas vraiment pourquoi. »
Rencontre, rencontres
À Riosucio ce furent Anibal, Véto, Nicolas… à Carthagène Gustavo et Diana, à Salamina, German, à Nécoli, Gilbert le libraire, à Filandia Alejandro, natif du village vivant à …Québec.
Avec Alejandro, on ne s’est pas parlé plus d’un quart d’heure sur une base de banalités d’usage, pourtant il me donne rendez-vous le lendemain pour me montrer un « coin que lui seul connaît ».
On se cogne les phalanges proximales à la mode covid 2021 pour sceller le pacte, se dire à demain et se souhaiter bonne nuit.
Le lendemain, il tient sa promesse et me balade à 10km de là dans une hacienda majestueuse, rénovée par le gouvernement et transformée un espace de rencontre et de fêtes pour entreprises, mariages et autres réunions en grand groupe.
La rénovation de cette ancienne halte de voyageur à cheval est méticuleuse, la vue sur les plantations de café s’avère une fois de plus majestueuse. Alejandro me traite en ami, m’offre son temps, partage son amour de la région et entasse les anecdotes qu’on ne trouve dans aucun guide de voyage.
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Jeudi Salento
Salento est plus touristique (et donc plus sinistrée en ce moment de Covid) que Filandia parce qu’elle propose une multitude d’activité qui retiennent les visiteurs autour du village et leur donne mille raisons (dont 995 mauvaises) d’y séjourner.
C’est vrai, le village est formidable, historique, propre, rénové entretenu, les retombées de sa fréquentation ont pour effet une très belle mise en valeur du site MAIS il en coute 3 fois plus cher d’y séjourner et deux fois plus de s’y restaurer.
La ville a su développer une offre d’activité purement touristique en marge de son attractivité naturelle.
La foret de Cocora est surfréquencée, le village tombe dans le caricatural, le sourire a une tendance commerciale ( j’exagère j’ai quand même croisé plein de gens super cool)
- Payer pour aller à la vallée de cocora, la pus connue et fréquentée des forêts de palmiers de cire. 38$. Équivalent de de ma promenade enchanteresse de San Félix, je vous invite à lire ceci pour vous faire une idée.
- Payer plus pour y aller en cheval + 48$
- Payer pour y aller en Mountain Bike + 45$
- Autres chevauchées dans la vallée 45/199 $
- Payer pour aller visiter une plantation de café et son hacienda $ !
- Payer un vol en paraglide au-dessus des plantations de café $$$
- Payer la visite thématique guidée de la flore et de la faune à la Réserve de la Riviera$
- Même chose avec la Réserve Naturelle Acaime (plein de colibris) $
- Payer pour vous rendre à la grande cascade de la vallée de Cocora 42 $
- Payer pour faire un tour de tyrolienne $$$
- Payer pour faire le circuit « arbre en arbre » de l’agence Xtreme locale
- Payer pour louer une moto cross et aller pétarader dans cette belle campagne.
- Monter au mirador Alto de la Cruz, 400 marches, 10 mn …) ( gratuit enfin !) Mouais…
- Visiter l’église ;
- Faire votre shopping d’un très bel artisanat dans lequel ne pas lâcher vos $$ est extrêmement compliqué tant l’offre est vaste, la diversité immense et la qualité au rendez-vous.
Le nombre de boutiques à travers la ville est significative de sa fréquentation en temps normal.
Je ne comprendrais jamais, Filandia possède un édifice remarquable, ni-beau-ni-laid, c’est une charpente de 7 étages qui, plantée sur le top d’une colline en marge du village permet de voir plus loin sur 360degres.
Vocation touristique pure, l’investissement est loin d’être rentable en ce moment, je me plie à la donation quasi symbolique et passe un moment sur les différents balcon de la structure.