Juste avant de poursuivre son cours au Cambodge, le Mékong s’évase sur un bon dix kilomètres de berge à berge. Il laisse alors émerger « 4000 » îles dont les surfaces vont de 128 km² pour Don Khong à celle de gros buissons qui sortent tout juste leurs branchages hirsutes de la surface.
Le paysage prend alors des allures de delta, à la différence que ces flots se déversent chez le voisin Kmher sous forme de rapides (les cascades Khone – avec un O ouvert et sans jeu de mots, merci), plutôt que de se jeter dans la mer.
À l’instar des tropicales en général, le rythme de vie s’alentit . Amateur d’oxymores, j’oserai même dire qu’il domine en ces parages une fiévreuse tranquillité et ce, malgré une offre touristique organisée.
Don Khon, Don Det
Les îles Khon et Det se partagent le gâteau d’un tourisme qui reste étonnamment orienté « routard ». Pour combien de temps encore ?
On trouve facilement des lits (hors résa Web) à 100 000 kips (6 can$/4 €) et le coût d’un repas reste aussi modeste qu’à Paksé.
Au cœur de l’activité touristique
Bien que tenant la corde du marché touristique des 4000 îles, Det et Khon n’apparaissent pas « si développées que ça ». Passer à côté (à cause de préjugés dont j’ai l’intempérance) eût été une erreur. J’y apprécie cette parenthèse de flâneries intensives. Il est bon de se poser de temps en temps…Pour ce qui concerne le « quoi faire dans ces îles », les affiches proposent :
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- Location de vélos, scooters, kayaks, bouées/chambre à air,
- services de transports terrestres et maritimes de tout type,
- excursions à la journée.
- pêche,
- lever et coucher de soleil depuis une barque ou un point de vue remarquable
- zig-zag entre les îles incluant des « pauses plage »,
- randonnées légères,
- plages à baignade,
- combinaison guidée de tout cela
- Observation des dauphins d’eau douce à nez rond (sans garantie, l’espèce est plus que menacée)
…des activités de vacances et de picole en fin d’après midi.
Piètre client des circuits « tout compris » et des transports courts non piétonniers, je me contente de petites virées piétonnes à l’échelle de ces deux îles.
Tad Khon: les rapides de Li Phi et Pa Soy
Les rapides de Khon sont, à « minima » les balades qu’il faut parcourir durant un passage aux 4000 îles. Cela peut occuper une journée ou… deux demies, selon votre rythme et mode de transport.
Une constante: pas ou peu d’ombre sur ces parcours, à vos ombrelles et maillots de bain !
Depuis l’embarcadère de Don Det, il faut remonter l’île sur toute sa longueur.
Choisir le tracé central, plus direct et moins fréquenté que la route circulaire, c’est accéder à ce qui reste du vrai Laos sur ce modeste bout de terre.
Le chemin carrossé traverse les terres agricoles, passe devant l’école, le terrain de foot, quelques habitats de fortune et un temple sans originalité.
Les rizières récoltées, sèches, jaune paille en ce mars 2025, offrent de nombreuses alternatives à travers champs jusqu’au « vieux pont des français » qui unit les deux îles.
Les rapides de Li Phi à l’Ouest
Je suggère de commencer la journée par ce site, car son accès facile favorise l’afflux de visiteurs. Au fil des heures, le petit chemin de terre final sera parcouru par les vélos, motos et autres Songteos. (Petits véhicules collectifs)
Après avoir franchi le pont, il reste une trentaine de minutes à pied, un modeste ticket d’entrée et une passerelle toute neuve qui donne accès à un circuit-sentier, observatoire de ces rapides abusivement vendus « cascades ».
Y a du débit, la puissance des flots gronde, ça part dans tous les sens, c’est spectaculairement sympathique sans toutefois être extrême.
En plein milieu des tourbillons, anarchiques ou à moitié en vrac, de vastes constructions en bambou interpellent ma curiosité.
Ces édifications sont des pièges qui ciblent deux catégories de poissons mahousses :
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- la plus grosse espèce de poisson-chat au monde (Pangasianodon gigas) d’une part et
- un gigantesque saumon-carpe d’autre part.
Je lis sur le Web que ces espèces sont en « danger critique d’extinction » à cause des barrages sur le fleuve, de la surpêche et de la qualité de l’eau en baisse constante…
Comment les gars font-ils pour relever leurs nasses alourdies par ce type de monstre dans ce puissant courant ?
Pa Soi (parfois Pa Soy) à l’est
Retour au pont des Français, pour emprunter une piste caillouteuse « centrale » et rejoindre le site plus modeste et moins fréquenté de Pa Soi sur la côte opposée de l’île (tracé très clair sur Maps.me).
Les rapides sont installés sur une branche du Mékong canalisée par l’île adjacente de Don Chom.
Vieille passerelle hors d’usage, officiellement interdite, accès gratuit pour l’instant. Le panorama sans traverser ne démérite pas!
Je n’ai pas pris le temps et la logistique de me rendre au troisième spot de rapides, les chutes Khone Pha pheng sur l’île voisine de Phapheng – les plus imposantes – car elles nécessitent un kayak et une logistique de transport plus lourde. Après coup, je pense que j’ai eu tort de la zapper.
Départ imminent
Après ces quelques jours de repos, je décide de mettre mon projet à exécution.
En effet, ma présence aux 4000 îles n’était pas seulement motivée par la découverte de la région, mais par une idée suggérée par les cartes de Nicolaos et nos quelques bavardages à Tad Lo, à savoir:
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Remonter de Don Det à Champasak par les îles et le « Mékong Bamboo Trail », « sans véhicule ».