La Cueva del Esplendor est une grotte dont la voute percée est traversée par une cascade. Elle est située dans le secteur d’Alto de Las Flores, l’une des montagnes au nord de Jardín
Les cartes sont d’une imprécision suspecte, mais les images du site ont de la gueule, la baignade est attirante et le défi logistique sous-jacent, m’intéresse…
Objectif des agences de tourisme:
- Garder l’accès confidentiel quitte à vous embrouiller un peu et
- vous y emmener pour 60 000 pesos, ce qui est très cher à l’échelle des coûts du pays.
J’avais pas mal cherché dans les blogues une description de l’accès à peu près fiable et j’avais compris que bien des blogueurs s’y étaient cassés les dents.
18 km aller retour, sans repères précis sur ce type de terrain, y a de quoi s’égarer mais aussi se faire plaisir.
Si la facilité consiste à acheter le « tour » que toutes les agences de tourisme local propose, on peut aussi y aller à pied ou combiner transport en commun et randonnée, histoire de profiter pleinement de l’environnement et mériter la magie de la grotte.
La Cueva del Esplendor, mode d’emploi.(pratico-informatif):
Voici en quelques lignes l’itinéraire le plus évident dans une perspective de randonnée ou de combinaison transport public/rando
Prendre la chiveta bleue, (Jeep) au croisement de la calle 8e et de la carretera 5. Ce colectivo vous dépose à la finca Carrizalez pour 5000 pesos (la marquage sur Google map est correct).
Depuis Jardín, la jeep a emprunté la route qui va à Andes mais dès la sortie de la ville, après le pont, elle a tourné à droite pour gravir un chemin viabilisé qui traverse les plantations de bananier sur 5 km.
La chiveta vous dépose à la finca Carrizalez, une finca de café incluse dans le fameux « tour du café », 1/2 km avant la finca de las Flores.
Il reste environ 6 km jusqu’à la caverne, une heure et quelque …
Donc si vous êtes venu à pied de Jardin vous aurez 11 km dans les jambes juste pour l’aller d’où la bonne idée de faire le premier tronçon en transport en commun
Le meilleur itinéraire pour se rendre à El Esplendor.
Pas de chemin sur la carte google
La chiveta vous pose donc à la finca Carrizalez à partir de là Google map ne montre plus le tracé du chemin, en revanche sur le terrain il est évident.
Ce chemin est carrossable et fréquemment emprunté par les acteurs du tourisme et je m’étonne de n’avoir trouvé aucun blogueur pour le décrire correctement.
Des points de repères pour se rassurer
Il suffit de suivre le chemin principal et atteindre La finca Alto de las Flores, une grande maison orange qui propose aussi quelques chambres et dont les cultures de fruits de la passion étaient sous « serre » de plastique lorsque je suis passé.
En continuant 500m plus haut, le chemin se sépare en une patte d’oie dont le panneau indicateur vous propose le segment de droite, c’est le bon…
Ce chemin est en zone protégée, il porte un nom « La Linda », ceci est aussi rappelé par un panneau sur la dernière maison habitée.
Refermez bien la barrière, il reste une grosse heure de marche sur un chemin unique qui va monter sur les 3 premiers km environ pour ensuite descendre et stabiliser son dénivelé en suivant la courbe de niveau à flan de montagne.
Aucun carrefour, aucune sente cachée à emprunter, aucun hésitation n’est pertinente. Le chemin toujours aussi large ne fait que s’éloigner des hauteurs de Jardin et s’enfoncer loin, très loin au fond d’une combe qui n’en finit pas.
Ne pas laisser le doute s’installer
L’absence de panneaux, de bornes, de traces bicolores, de cairns… combiné au sentiment de perdre de l’altitude en avançant installe un doute dans l’esprit du marcheur solitaire, sans carte que je suis.
Bien que facile le chemin parait long, on marche de courbes en virages, de faux-plats en faux-top… Qui y a t-il au delà du prochain point aveugle?
J’espère que derrière le virage suivant, celui qu’on voit là-bas, le site va apparaître, mais non le chemin enchaîne le long de ce relief génial et torturé.
– Tabarnak me serais-je planté?
– Aurais-je zappé un embranchement?
– Aurais-je dû prendre le chemin de gauche à la patte d’oie?
Dites-moi pas que c’est pas vrai ! J’suis-tu à l’opposé?
– Ah… voilà donc pourquoi les Français du blogue faim-de-voyage racontent que certains n’ont jamais trouvé la grotte!
Merdasse, je fais demi tour, ah non, le virage suivant est pas loin, j’y vais, ca va être là.
…Beh, quand même! ça fait une heure 10 que je marche!… mais pourquoi ils disent tous que c’est au top de la montagne on arrête pas de descendre…
Finalement la maison-accueil El Esplendor apparait.
… Amabilité limite, une gamine sure de son coût (faute intentionnelle) joue à la boissonnière (marchande de boissons) / caissière du site.
Pas de bonjour, faut m’enregistrer vite vite, donner mon numéro de passeport vite, payer 20000 pesos pour l’entrée vite et attendre l’accompagnateur du centre qui semble obligatoire ce que je n’avais lu dans aucun blogue… La préposée disparait. Frustration.
Un guide compagnon
Edison, l’accompagnateur se pointe, il est lumineux, avenant, il ne faut pas grand chose pour le faire parler et il est très « connaissant » sur son quartier, bref plus sympacool tu meurs.
On dégringole ensemble un chemin très raide pour parvenir à la grotte (10mn). Bien aménagée/sécurisée cette sente longe le torrent et entre progressivement dans un univers-vert très dense quasi amazonienne, impressionnant.
Cette partie du trip est spectaculaire, l’immersion progressive dans cette végétation humide, sa proximité physique constituent un moment rare.
Les arbres sont énormes, la verdura est dense, généreuse, les oiseaux sont nombreux et bruyants. C’est assez dingue, je suis scotché, j’éprouve un sentiment exceptionnel : « C’est classe »… « méchant spot »… « J’ai bien fait de venir ».
On arrive devant le mur des désirs.
Le « mur des désirs » est hypnotique, c’est un tapis vertical de lichens, lianes, mousses et micros-fougères brumisées en continu par des gouttelettes, reliquat d’une chute dont on voit pas l’origine.
La grotte et la chute d’eau El Esplendor
C’est l’entrée de la grotte, le numéro final, aucun doute, toute cette rigolade en valait la peine. Je prends mon temps pour m’emplir de l’atmosphère, porter mon regard sur chaque détail, respirer cette humidité ambiante.
Dans la grotte
À l’intérieur, le show est total, la force continu dégagée par la cascade impressionne, la lumière se déverse avec l’eau et se combinent pour mieux nous éclabousser de leur puissance commune
Clic-clac de mon Sony, clac-clic de mon Oppo… Mais pas trop vite, ce serait vraiment bien de réussir à capter l’émotion du moment et réussir à en parsemer un peu dans une image ou deux.
Je grimpe sur les rochers à la recherche des meilleurs angles, c’est sublime, je décide de plonger dans la retenue d’eau.
Baignade sous la chute El Esplendor
Huit degrés max dans une eau brassée par la chute ça ressemble à glacial, et ça commence à être sportif, je ne vais pas trainer c’est sûr.
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Nager jusque sous la chute, regarder Edison pour immortaliser l’instant.
Le corps kidnappé par le froid, la tête assommée par les trombes d’eau, j’ai très vite l’impression que le cœur n’en veut pas plus, je rejoins la berge, la baignade n’a pas duré une minute et demi.
Retour à Jardín
Le retour parait plus court, je sais où je vais, je reconnais chaque virage, chaque abreuvoir, chaque vache. Ça descend plusss et plus longtemps qu’à l’aller, je cours sur certaines sections. Une certaine euphorie accompagne cette carapate inutile, il n est que midi et demi, j’éprouve une satisfaction inexplicable, quasi euphorique. Cette journée est pleine, intense, puissante.
À deux kilomètres de la route goudronnée une chiveta passe et il est vrai que j’en ai plein les pattes… Je lui fais signe, elle s’arrête. Flute elle semble pleine, ha non il n y a que trois gars debout sur le marchepied à l’arrière. On sera donc quatre à rentrer à Jardín, secoué par le chemin, arrimé à la galerie, chapeaux dans le vent.
Quand je vous dit que cette journée fut géniale…
Une vidéo vaut mieux que 1500 mots
Je vous mets cette vidéo-publi- reportage, bien faite à propos du lieu, elle renvoie bien le coté grandiose et fascinant du lieu.
Je la fais démarrer vers la toute fin du chemin, mais, il n’est pas inintéressant de la regarder en entier, elle est très informative.
Chronologie du voyage:
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